En période de vacances scolaires et de confinement, enfants et adolescents peuvent être tentés par les défis qui apparaissent par période sur internet. Très drôles mais souvent aussi très dangereux, la prévention et la vigilance s’imposent pour ne pas transformer un banal jeu en tragédie mortelle.
Blue Whale challenge, Momo challenge, Neknomitation, Train surfing ou encore Skullbreaker challenge, les défis sont variés et offrent des occasions de s’exposer sur internet. Ils existent depuis la nuit des temps mais internet offre à celles et ceux qui y participent une tribune qui donne aux plus fragiles une sensation d’être courageux, admirés, acceptés. Les adolescents sont les candidats de choix de ces épreuves car elles sont en phase avec leurs problématiques : Les prises de risques sont caractéristiques de l’adolescence. Pour se sentir exister, il faut être dans l’agir et sentir ses limites en les testant, quitte à les dépasser et à flirter avec le danger. Les défis mêlent souvent jeu et violence. Créativité et destructivité se mélangent. Les participants cherchent à appartenir au groupe. L’influence des pairs est déterminante et le risque de surenchère souvent présent. Attirer la lumière sur lui peut pousser un adolescent à vouloir aller toujours plus loin au point parfois de ne pas réussir à faire marche arrière pour ne pas risquer de « décevoir » son auditoire en passant pour un poltron.
De nouveaux défis naissent régulièrement sur internet. Leur succès auprès des mineurs est variable. La prévention passe par un dialogue franc et direct avec les jeunes, même auprès de ceux qui semblent ne pas s’y intéresser car les défis se font souvent dans la confidentialité d’une chambre d’adolescent, loin du regard des adultes.
Comment les parents peuvent-ils prévenir les défis en ligne ?
- Restez informés de l’actualité du monde numérique, en suivant l’association e-Enfance sur ses réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Instagram) permet de rester alerte et d’évoquer la dernière tendance à la mode avec un jeune. Parler n’est pas incitatif mais permet au contraire de sonder la pensée d’un mineur, de lui permettre de prendre de la distance vis-à-vis d’un éventuel projet de participation.
- Les plus fragiles sont souvent les plus attirés par ces épreuves. Si un mineur manifeste des velléités de participer à un défi, il est souvent dissuasif pour lui d’évoquer avec vous ses craintes, ses difficultés ou ses manques dont la tentation du défit peut être un révélateur. Le défit peut être vu par l’adolescent comme un exutoire de son mal être. A vous de l’aider à se tourner vers des remèdes plus adaptés et moins dangereux.
- S’intéresser ou parler d’un défit ne signifie pas automatiquement que le jeune va y participer. C’est un sujet de discussion fréquent entre jeunes qui peut surgir dans votre quotidien et qui doit être traité sans dramatisation mais avec importance.
- Assurez-vous que votre enfant sait que vous ne lui interdirez pas Internet ou les réseaux sociaux s’il porte un intérêt à un défi. Il ne faut pas que la crainte de la confiscation ou de la punition soit une barrière au dialogue. Un défi peut être un moyen que le jeune à identifier pour réussir à se construire. On ne peut le blâmer de vouloir grandir, on doit lui rappeler que toute construction se réalise dans un cadre protégé dont vous êtes le garant.
Si votre vigilance est de mise, la peur ne doit pas l’emporter. Bon nombre d’adolescents savent mesurer les risques qu’ils prennent sur internet et ne pas s’engouffrer dans la réalisation d’un défi. Evoquer le sujet avec un jeune peut être une bonne occasion d’aborder avec lui la façon dont il éprouve ses émotions. Celles-ci sont nécessaires à la vie mais peuvent se ressentir autrement que pas une mise en danger de soi. Les contre défis peuvent être de bons moyens pour dépasser ses limites sans danger : Le Pink Whale challenge par exemple propose de réaliser un nouveau défi pendant 30 jours : Dire à ses parents qu’on les aime, se rendre utile pour un proche, remercier 5 personnes dans la journée… Un défi en ligne peut aussi être positif !
D’après l’article original en anglais de Dr. Elizabeth Milovidov, PhD, J.D. eSafety Consultant, en charge des affaires européennes auprès de la Commission Européenne pour l’association e-Enfance.